La première réunion des banques centrales américaines et de la zone Euro se sont réunies ce 16 septembre à Bâle. Le principal sujet de cette concertation vise la régulation du secteur des crypto-actifs en général, mais surtout celui de Facebook, la Libra.
Depuis l’annonce officielle de cette dernière le 18 juin, les régulateurs de nombreux pays ont émis de nombreuses inquiétudes. La semaine dernière, l’Association Libra avait annoncé le dépôt d’une demande de licence en tant que moyen de paiement auprès de la FINMA, l’Autorité fédérale suisse de la surveillance des marchés financiers.
Prévu pour le premier semestre 2020, le lancement de la cryptomonnaie du géant des réseaux sociaux suscite encore de nombreuses interrogations de la part des autorités financières.
Une réunion pour définir le cadre règlementaire de la Libra
Fort des 2,4 milliards d’utilisateurs de Facebook, l’adoption de la Libra présente un risque systémique qui inquiète vivement les banques centrales. Pour ces dernières, nombreuses sont les conséquences de l’émergence d’une monnaie privée pouvant concurrencer les devises souveraines des Etats.
Le lancement de la Libra nécessite un ensemble de législations de haut niveau
Benoît Coeuré, membre du Directoire de la BCE (Banque Centrale Européenne), a présidé la réunion qui s’est tenue à Bâle le 16 septembre. Y ont été notamment représentées, 26 banques centrales de zone Euro, la FED (banque fédérale américaine) et la Banque d’Angleterre. Ces hauts responsables se sont entretenus avec le comité représentatif du projet Libra de Facebook concernant les inquiétudes que soulève son prochain déploiement.
Lors de la réunion des ministres des Finances européens à Helsinki, les pays membres de l’UE se sont déjà exprimés sur le sujet et ont d’ailleurs jugés que la cryptomonnaie de Facebook est très préoccupante. Benoît Coeuré confirme que la mise en circulation de la Libra dans la zone Euro requiert un cadre réglementaire sévère.
Les banques centrales européennes et américaines doivent ainsi identifier les normes de conformité nécessaires à une régulation de la Libra. Les enjeux impliquent entre autre de sécuriser le système financier international et les monnaies souveraines, mais également de protéger les utilisateurs.
Le lancement de la Libra risque de rendre le système financier et les banques obsolètes
L’une des plus grandes inquiétudes que suscite le lancement de la Libra de Facebook est sa concurrence aux monnaies souveraines. En effet, si ces dernières sont délaissées au profit de ce Globalcoin, Facebook et ses partenaires privés profiteraient d’un monopole préoccupant sur le système financier mondial.
Lors de la réunion à Bâle, les fondateurs de la Libra ont répondu à de nombreuses questions concernant son fonctionnement, sa gestion, son utilisation et les prévisions quant à son adoption. Ils ont également rassuré quant à leurs engagements à prioriser les discussions avec les autorités financières internationales, afin de faire mieux connaître la Libra à ces dernières, mais aussi pour prendre en compte leurs recommandations dans son développement.
La réunion organisée à Bâle poursuit notamment l’initiative de création de la GAFI (Groupe d’Actions Financières) et la mise en place de la Task Action Force par les pays du G7 et d’autres pays.
L’idée de la Libra risque d’être reprise par les banques centrales
Pour les autorités financières, il est inconcevable qu’un groupe d’entreprises privées ait le monopole des systèmes financiers et des transactions transfrontalières. Dans cette optique, la mise en place d’un cadre crypto-règlementaire très rigoureux aurait pour objectif de bloquer le lancement de la Libra au niveau de l’Europe, mais aussi aux USA.
Les banques centrales étudient la création de leurs cryptomonnaies
L’idée d’une cryptomonnaie gérée par les banques centrales n’est pas nouvelle. Elle a d’ailleurs bénéficié de l’appui de Benoît Coeuré lors de la réunion organisée à Bâle. En effet, face aux risques de voir la Libra échapper au contrôle des Etats, il devient essentiel pour les banques centrales de renforcer leurs positions au sein du système financier.
D’ailleurs, la Chine a déjà déclaré officiellement que sa crypto-devise nationale DCPE est en cours de développement, pour éviter que la Libra ne s’implante sur son territoire. Néanmoins, pour l’Empire du milieu, le risque vient surtout du fait que le panier de devises sur lequel est adossé la crypto de Facebook est principalement centré autour du dollar et que celui-ci pourrait avantager les USA dans le commerce.
Pour les banques centrales américaines et européennes, il devient ainsi nécessaire de suivre les voies de l’innovation et de moderniser les systèmes de paiement. Grâce à une devise numérique, ces derniers profiteront des mêmes atouts que la Libra, pour faire bénéficier de transactions transfrontalières plus rapides et plus abordables.
A la veille de sa succession à Mario Draghi à la Direction de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde avait également exprimé la nécessité d’ouverture aux innovations, tout en mettant en place une forte surveillance du secteur des cryptomonnaies.