Le premier semestre 2019 a été bénéfique pour les pépites françaises, avec un total de levées de fonds s’élevant à 2,8 milliards d’euros, dont 1,6 milliards au deuxième trimestre. Au total, 361 tours de tables ont été réalisés, dont 170 ont levé plus de 10 millions d’euros, avec une majorité de première levée à ce niveau.
D’après les profils des start-up qui ont bénéficié de ces financements, les secteurs les plus plébiscités par les investisseurs sont ceux liés à l’internet des objets (IOT), l’immobilier et le marketing. Si 349 tours de table ont été réussis dans le même délai en 2018 pour 1,9 milliards d’euros, cela démontre que le nombre des levées a peu progressé, tandis que leurs montants ont bénéficié d’une considérable hausse.
Les levées de plus de 10 millions d’euros continuent de doubler depuis 2017
Si le système des levées de fonds en France était encore timide avant 2017, les montants atteints ont progressé. Notamment, le dépassement du seuil des 10 millions d’euros par un grand nombre des tours de table réalisés reflète la prise de confiance des investisseurs dans cette méthode de financement participative et dans les projets français. D’ailleurs, le nombre des levées qui ont dépassé les 10 millions d’euros ont doublé dès 2018.
Quelles entreprises attirent les levées supérieures à 10 millions d’euros ?
La banque d’affaires Cambon Partners a réalisé une étude spécifique pour déterminer les profils des start-up qui ont bénéficié de ces niveaux de levées de fonds. D’après les données collectées, 62% de ces pépites françaises sont orientées vers les activités B2B, soit des propositions de services dédiés aux entreprises. Généralement accessibles via des abonnements, elles sont proposées sous-forme d’applications en ligne.
Les activités B2C, qui proposent des services aux particuliers, sont moins plébiscitées, et n’atteignent que 10% de la part de ces levées. En effet, contrairement au B to B, elles nécessitent de grands efforts marketing, bien que les résultats de rentabilité ne soient pas garantis. Les business models qui bénéficient actuellement du plus d’engouement de la part des investisseurs sont surtout ceux qui touchent à la mobilité, l’immobilier et le marketing.
L’étude démontre même que ce sont les start-up qui proposent de lancer des solutions SaaS qui parviennent le plus facilement à atteindre ce niveau de levée de fonds. Ces projets proposent l’utilisation de logiciels en tant que services accessibles via des abonnements. Les applications sont hébergées sur des serveurs en ligne et n’ont ainsi pas besoin d’être installées au niveau des utilisateurs. Ces derniers ont uniquement besoin d’une connexion internet et de s’acquitter d’un abonnement forfaitaire pour pouvoir utiliser les services de ces entreprises.
Parmi les principaux logiciels qui sont basés sur ce modèle économique, on recense les outils CRM pour la gestion de relation-client, les plateformes de création de sites e-commerce, la gestion RH (ressources humaines), la messagerie et les plateformes collaboratives, ainsi que la communication et la visioconférence. Après les SaaS, ce sont les projets de places de marché qui détiennent la seconde place avec 18% des parts et l’e-commerce à 14%.
Des délais de levées de fonds qui ont nécessité de la patience
Selon les résultats de l’étude réalisée par Cambon Partners, la plupart des start-up françaises qui ont levé plus de 10 millions d’euros sont établies dans l’Île-de-France. En effet, 70% sont franciliennes, tandis que seules 12% sont lyonnaises et grenobloises.
Par ailleurs, l’étude démontre que ces entreprises n’ont atteint ce niveau de financement qu’après une moyenne de 69 mois. Cela reflète une étape de mise à maturité de leurs activités sur un délai de plus de 5 ans, avant qu’un tel montant de levée de fonds n’ait été atteint. Avant cette série B de tour de table, ces start-up ont néanmoins déjà effectué deux précédentes levées qui ont engrangé en moyenne 4,5 millions d’euros, dont généralement un montant tournant autour d’1 million d’euros pour la première levée.
Des start-ups dirigés par des entrepreneurs diplômés des grandes écoles
La banque d’affaires Cambon Partners a également intégré dans son étude l’identification des profils des dirigeants de ces start-ups qui ont réalisé plus de 10 millions d’euros de levées de fonds. Selon les résultats, ces entrepreneurs bénéficient d’une certaine expérience, avec au moins, pour 50% d’entre eux, une précédente création de société à leurs actifs.
Des entrepreneurs et des produits de marchés à forte maturité
Avec une moyenne d’âge de 34 ans, ces fondateurs de start-ups sont loin du mythe de l’étudiant nouvellement diplômé. Néanmoins, les résultats de l’étude surprennent quant aux parcours universitaires de ces entrepreneurs. En effet, la grande majorité d’entre eux ont bénéficié d’une formation technique et commerciale. Ainsi, 20% de ces entreprises ont été créés par au moins un diplômé du HEC, 14% par un ancien de l’école polytechnique et 14% des Essecs. A noter que 10% des start-ups qui sont parvenus à lever plus de 10 millions d’euros comptent au moins une femme dans le rang de leurs fondateurs.
L’engouement pour les start-ups françaises est également en hausse au niveau des investisseurs étrangers, surtout américains, britanniques et allemands. Parmi les grands comptes les plus actifs dans ces investissements, Accel, Global Founders Capital et Balderton Capital ont perçu les potentiels des projets des pépites françaises. Ces derniers sont notamment moins chers à développer qu’ailleurs et de plus, la majorité, soit 52%, ont bénéficié des conseils d’une banque d’affaires, comme Rothchild and Co, Cambon Partners et Alpha Capital Partners.