Les conséquences de la guerre commerciale entre les USA et la Chine sont considérées comme des précurseurs d’une récession américaine. Si Goldman Sachs prévoyait une baisse du PIB annuel américain de 0,6% et un taux de croissance économique réduit à 0,2% en 2020, les actualités géopolitiques risquent encore d’alourdir ces prévisions.
En effet, la Chine vient d’annoncer l’application de nouvelles taxes sur 75 milliards USD de produits américains, risquant une nouvelle escalade des tensions commerciales. Ces mesures de représailles chinoises surviennent au moment où les Etats-Unis annoncent l’ajout de 46 autres sociétés à la liste d’exclusion du marché américain, dont Huawei est en tête.
Les sanctions à Huawei, l’un des freins aux négociations sino-américaines
Accusé d’espionnage pour le compte de l’armée chinoise, Huawei fait actuellement partie de la liste noire des USA, qui interdit à ses entreprises de commercer ou d’utiliser les matériels de la société chinoise. Ce bannissement a gravement altéré les avancées des négociations commerciales entre le gouvernement de Donald Trump et Pékin.
La firme de Ren Zhengfei a néanmoins bénéficié d’un premier sursis de 90 jours pour pouvoir continuer à fournir des services de maintenance à ses clients américains.
Les avancées du dossier Huawei, un nouveau sursis de 90 jours du bannissement
A l’échéance du 19 août du premier sursis accordé à Huawei concernant ses activités sur le territoire américain, un report de 90 jours supplémentaires vient d’être annoncé. Cette licence temporaire a surtout pour objectif de ne pas léser les clients de la firme. Ces derniers pourront ainsi continuer à bénéficier des mises à jour nécessaires au bon fonctionnement de leurs appareils.
Accusé d’utiliser ses produits pour espionner les USA pour le compte de l’Empire du Milieu, Huawei est actuellement considéré comme une menace pour la sécurité nationale américaine. La firme est ainsi interdite de commerce avec les entreprises technologiques du pays. Celles-ci ne peuvent plus l’approvisionner, mais peuvent demander une autorisation spéciale auprès des autorités, afin de pouvoir profiter de ses services.
Entre autre, Google et Facebook sont parmi les principaux fournisseurs de la société de Ren Zhengfei en termes de licence pour les applications essentielles au fonctionnement de ses produits mobiles. La prolongation du sursis commercial peut engendrer un climat favorable aux discussions entre les deux grandes puissances.
Néanmoins, face aux décisions imprévisibles du gouvernement Trump, Huawei vient d’annoncer la fin du développement d’HarmonyOS qui pourrait remplacer Android sur ses smartphones. En effet, Trump a récemment annoncé que 46 autres filiales de l’entreprise chinoise font actuellement également partie de la mesure de bannissement. La liste cible maintenant une centaine de sociétés.
La guerre des taxes entre la Chine et les USA continue
10% de droits de douane vont être appliqués au mois de décembre par les USA sur 300 milliards de produits chinois non-encore taxés. En représailles, Pékin vient aussi d’annoncer qu’il va taxer à son tour 5 078 produits américains. Ces derniers comprennent entre autre les petits avions, les automobiles et pièces détachées, le pétrole brut et des produits agricoles comme le soja.
Cette décision va concerner près de 75 milliards USD d’exportations américaines vers la Chine. Selon une déclaration du Ministère du Commerce américain, les nouveaux tarifs qui seront appliqués tourneront autour de 5% à 10% et seront définis en fonctions des types des produits.
Cette décision chinoise a amorcé le recul de nombreux marchés européens. Entre autre, le CAC 40 chute de 0,51%, le Stoxx automobile de 1,68% et le SXPP des matières premières de 1,12%. Néanmoins, le Président de la FED, Jerome Powell, soutient que l’économie américaine se porte bien pour sa part et que l’impact du conflit commercial est limité sur le territoire. Suite à la réplique chinoise, Trump appelle maintenant les entreprises américaines œuvrant en Chine à cesser leurs activités et à quitter cette dernière.
La gestion de la crise à Hong Kong conditionne les négociations commerciales Chine-USA
Dans l’un de ses tweets, Donald Trump a déclaré qu’une gestion humanitaire des manifestations ayant lieu depuis plusieurs semaines à Hong Kong favoriserait les négociations commerciales entre les USA et la Chine. Une répression violente des pro-démocrates hongkongais par le régime socialiste de Pékin pourrait ainsi contraindre Washington à éloigner toutes éventuelles ententes.
Or, les manifestations sont actuellement en train de prendre une ampleur massive et les habitants de cette région autonome chinoise à administration spéciale ont étendu leurs réclamations à un champ plus vaste. Ils réclament entre autre le respect du statut de la région et la démission de Carrie Lam, le chef exécutif du gouvernement hongkongais.
En effet, les habitants accusent cette dernière d’être à la solde de Pékin, lequel veut récupérer le contrôle de Hong Kong et y imposer ses lois. Ce sujet est notamment devenu très sensible pour le gouvernement de Xi Jinping, car la liaison faite par Trump avec la recherche d’accords commerciaux constituent une ingérence américaine dans les affaires internes de l’Empire du Milieu.
On peut donc juger que les ultimatums lancés par les Américains concernant Hong Kong pour l’aboutissement à des accords commerciaux ne seront pas pris en compte par Pékin. La situation actuelle reflète la résignation et la déclaration de la Chine à être prête pour un blocage des négociations pour un délai indéterminé.