Un hommage national au chanteur s’est tenu vendredi matin, dans la cour des Invalides. Le président de la République a salué la mémoire d’un « conteur fraternel qui chantait à hauteur d’homme la vérité de nos existences ».
Une cérémonie binationale
Arrivé dans la cour des Invalides peu après 10 heures, Emmanuel Macron a été accueilli par le président et le Premier ministre arméniens, Armen Sarkissian et Nikol Pachinian. Ce dernier est resté aux côtés du président de la République pour une cérémonie binationale, qui a commencé par la diffusion des deux hymnes, avant la traditionnelle revue des troupes.
Des dizaines de personnalités étaient présentes, dont l’ensemble des corps constitués et la famille du chanteur, mais aussi les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande et de nombreuses figures du monde du spectacle comme Eddy Mitchell, Dany Boon ou Jean-Paul Belmondo. Beaucoup d’anonymes se sont également massés pour rendre hommage au « Grand Charles », à l’image de Patricia, une admiratrice du chanteur. « Je suis très émue, on est dans la douleur quand on perd quelqu’un qu’on a aimé », a-t-elle témoigné au micro d’Europe 1. Au total, plus de 2.000 personnes se sont recueillies dans la cour des Invalides.
« Un grand maître de la chanson française »
Couvert d’un drapeau tricolore, le cercueil de Charles Aznavour est entré dans la cour des Invalides au son du duduk, un instrument traditionnel arménien. Le premier éloge funèbre a ensuite été prononcé par Nikol Pachinian, qui a commencé par saluer « un grand maître de la chanson française ». « Les ancêtres de Charles Aznavour, rescapés du génocide, ont erré dans le monde et ont trouvé refuge en France », a-t-il rappelé. « Les soucis de l’Arménie étaient les siens. »
« On dit que les années d’exil comptent double. Chez Aznavour, la douleur et l’espoir comptaient doubles », a renchéri le président Français Emmanuel Macron, dans un discours empreint d’émotion. « Charles Aznavour aurait voulu vivre un siècle, il se l’était promis, il nous l’avait promis, comme un ultime défi lancé à la vie. (…) Mais à quelques encablures du seuil, la mort est venue le cueillir sans bruit. Nous avons été surpris, et nous avons été tristes. »
« Un conteur fraternel qui chantait à hauteur d’homme »
Saluant « ce conteur fraternel qui chantait à hauteur d’homme la vérité de nos existences », devenu « l’un des visages de la France », Emmanuel Macron est ensuite longuement revenu sur la portée universelle des chansons du « Grand Charles » et son amour pour la langue française. « Il savait, dans sa chair, que la France véritable est celle qui accueille », a souligné le président de la République. « Il a tendu, entre tant de générations, un fil incassable. Telle était sa conception de la France. »
Hommage national: « Ses chansons furent pour des millions de personnes un baume, un remède, un réconfort », dit Emmanuel Macron pic.twitter.com/H1o5U4ufgw
— BFMTV (@BFMTV) 5 octobre 2018
« Dans le cœur de chacun il poursuivra son chemin, marchant en se tenant droit, une main dans la poche, avec ce demi-sourire que nous lui connaissions », a conclu Emmanuel Macron. « Alors, avec nous, il franchira fièrement le seuil de ce siècle. Parce qu’en France, les poètes ne meurent jamais. »
Le cercueil de Charles Aznavour a ensuite quitté la cour des Invalides tandis que la Garde républicaine interprétait l’un de ses titres phares, Emmenez-moi, accompagnée d’un simple piano.
Des funérailles prévues samedi
Cet hommage était organisé avec l’accord de la famille du chanteur, comme cela avait été le cas pour de grandes personnalités françaises comme Simone Veil ou Jean d’Ormesson en 2017. Charles Aznavour sera enterré samedi en début d’après-midi « dans la stricte intimité » à Montfort-l’Amaury où repose une partie de sa famille. L’artiste reposera dans son caveau familial, aux côtés de ses parents et de son fils Patrick, décédé à l’âge de 25 ans.