Le Nobel d’économie, qui va être remis lundi, pourrait cette année récompenser une femme. Ce serait une première depuis 1969.
Clap de fin lundi pour l’édition 2018 des Nobel, marquée par l’absence de la littérature, avec l’économie, un prix plus sensible à l’air du temps qui pourrait couronner des recherches sur le climat ou le développement.
Une « tendance à la diversification »
Officiellement « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », la récompense obéit aux mêmes règles de discrétion que les autres prix institués par le testament de l’inventeur et philanthrope suédois. Prédire le nom du ou des lauréats est un défi que peu osent relever. « D’un point de vue historique, il y a à peu près autant d’économistes conservateurs que de libéraux et ces dernières années la tendance a été à la diversification : la palette des recherches primées est plus vaste, le choix des lauréats plus éclectique », note l’économiste Gabriel Söderberg de l’université d’Uppsala.
L’année dernière, le prix était allé à l’Américain Richard Thaler, père de la méthode dite du « coup de pouce » censée corriger les comportements irrationnels des consommateurs, contribuables ou investisseurs. « Le cœur du prix Nobel ce sont les prix scientifiques, la paix et la littérature. Le prix d’économie n’est pas formellement un prix Nobel », rappelle Gabriel Söderberg. Ce particularisme peut rendre « le jury plus attentif à l’opinion publique, un peu plus sensible à la manière dont le lauréat sera accueilli », note-t-il.
William Northaus, le lauréat-type
C’est pourquoi « les questions de société se reflètent dans le prix. La question du changement climatique est très importante en ce moment et William Nordhaus pourrait être récompensé », estime le chercheur. Nordhaus, professeur à l’université de Yale connu pour ses recherches sur les conséquences économiques du réchauffement climatique, présente les caractéristiques du lauréat-type en économie : c’est un homme et il a la nationalité américaine comme 70% des primés. Avec ses 77 ans, il a toutefois dix ans de plus que la moyenne des lauréats.
Une femme récompensée ?
Seule une femme a été récompensée depuis 1969, l’Américaine Elinor Ostrom en 2009. Pour Micael Dahlen, professeur à l’école supérieure de commerce de Stockholm, raison de plus pour choisir une lauréate cette année. « Je verrais volontiers récompensée Esther Duflo, dont les recherches se consacrent aux économies en voie de développement et à la parité, ou Carmen Reinhart, dont les recherches portent sur les finances publiques », explique-t-il.
Dans une note, Hubert Fromlet, professeur à l’université de Växjö (sud) distingue plusieurs lauréates possibles parmi des économistes américaines : Anne Krueger, première femme à avoir été directrice adjointe du Fonds monétaire international (FMI), Susan Athey, connue pour ses travaux sur la modélisation de l’incertitude ou Claudia Goldin, qui travaille notamment sur les inégalités hommes-femmes.