Le rachat d’Exaion : un acte stratégique ou une erreur historique ?
Le rachat d’Exaion, une filiale d’EDF spécialisée dans les infrastructures cloud et le calcul intensif, par le colosse américain Mara Holdings, suscite un vif débat. En effet, cette transaction, annoncée au mois d’août 2025, symbolise une nouvelle étape dans l’externalisation des ressources stratégiques de la France, tout comme le fut la vente d’Alstom à General Electric dans le passé. Ce choix, évalué à 168 millions de dollars pour 64 % de la société, pose des questions sur l’avenir de notre autonomie énergétique et technologique.
Exaion a été fondée en 2020 dans un contexte où le besoin d’infrastructure numérique était en pleine expansion. La société a réussi à attirer l’attention des géants technologiques grâce à sa proposition d’un calcul intensif à bas carbone. Pourtant, malgré ces atouts, elle a connu des difficultés financières, enregistrant en 2024 des pertes s’élevant à 4,5 millions d’euros, avec un chiffre d’affaires n’atteignant que 2 millions d’euros. Cette fragilité économique a probablement facilité sa vente.
Un contexte de tensions sur le marché de l’énergie
Alors que la France se positionne comme un leader en matière d’énergie nucléaire, cette vente donne l’impression d’un affaiblissement stratégique. En effet, le surplus d’électricité nucléaire, souvent non exploité, pourrait être utilisé pour alimenter les activités de minage de bitcoins, une opportunité que le gouvernement semble avoir négligée. Les tensions sur le marché de l’énergie amplifient ce contexte, alors que d’autres pays, tels que les États-Unis et la Chine, constituent eux-mêmes des réserves stratégiques de bitcoins.
Aperçu des transactions récentes
| Date | Transaction | Montant |
|---|---|---|
| 2025 | Rachat d’Exaion par Mara Holdings | 168 millions de dollars |
| 2015 | Vente d’Alstom à General Electric | 12,3 milliards de dollars |
| 2024 | Pertes d’Exaion | 4,5 millions d’euros |
Les chiffres mentionnés mettent en lumière la tendance actuelle où des entités étrangères prennent le contrôle d’actifs stratégiques français. La récurrence des fusions-acquisitions comme celle-ci pourrait inciter les acteurs politiques à questionner les processus de décision. De plus, le modèle de rentabilité basé sur le minage de bitcoins nécessite des investissements en infrastructures que peu d’entreprises françaises semblent capables de financer.

Les critiques du projet de rachat : un appel à la prudence
Le projet de rachat d’Exaion a également été critiqué pour le manque de mise en concurrence. Plusieurs entreprises spécialisées dans le minage de bitcoin ont exprimé leur désaccord, dénonçant l’absence d’opportunités pour les acteurs nationaux. EDF, en tant qu’entité publique, a été interpellée sur sa gestion de l’électricité, notamment sur le fait que les surplus nucléaires ne sont souvent pas valorisés, augmentant ainsi les pertes.
Sarah Knafo, eurodéputée, a notamment mis en avant le fait que la France marchait sur une ligne fine, abandonnerait une partie de son électricité à des entreprises américaines qui profiteraient de la puissance énergétique française sans véritable retour pour les citoyens. Ces inquiétudes révèlent un véritable enjeu de souveraineté énergétique, alors que plusieurs pays se tournent vers les cryptomonnaies pour assurer leur avenir économique.
La potentialité d’une réserve stratégique de bitcoins
La France se trouve dans une position unique pour développer une industrie du calcul intensif, enable d’absorber les surplus d’électricité, tout en plaçant des bases solides pour un avenir énergétique durable. Les experts comme Olivier Babeau soutiennent qu’il serait judicieux pour le pays de mettre en place une structure capable de miner des bitcoins en utilisant cet excédent énergétique. Cela pourrait non seulement rapporter des bénéfices au pays, mais également renforcer sa position sur le marché mondial des cryptomonnaies.
Une proposition de loi a été faite en ce sens, incitant à établir une réserve nationale de bitcoins en France pour profiter pleinement de ces opportunités. La France pourrait ainsi envisager de devenir un acteur incontournable dans le domaine de la blockchain et du minage, à condition de porter une attention particulière à la création d’une structure nationale forte et bien encadrée.
Le débat autour de l’impact économique des rachats
Le débat sur l’impact économique des rachats de filiales, comme celui d’Exaion par Mara Holdings, est multidimensionnel. D’un côté, certaines voix s’élèvent pour défendre ce type d’opération en tant que vecteur d’innovation et de modernisation, de l’autre, des opposants évoquent le danger de confier des secteurs sensibles à des multinationales américaines. Dans le cas d’Exaion, c’est l’avenir de plusieurs emplois qui est en jeu, tout comme le potentiel de développement d’une capacité nationale numérique.
Les répercussions sur l’emploi et l’innovation
Le rachat d’Exaion pourrait non seulement affecter les emplois directs au sein de l’entreprise, mais également avoir des répercussions sur l’ensemble de la filière technologique française. Des milliers de postes pourraient être menacés, surtout dans un contexte économique difficile, où la France cherche à préserver son tissu industriel. Paradoxalement, cette opération pourrait également freiner l’innovation en laissant les technologies émergentes sous contrôle étranger.
Les enjeux sociopolitiques
- Protection de l’emploi local
- Souveraineté technologique et économique
- Accès à l’électricité pour les acteurs nationaux
En outre, les répercussions sociopolitiques de tels rachats ne peuvent être sous-estimées. Les citoyens pourraient se sentir dépossédés des ressources du pays, alors que des entreprises étrangères accaparent les bénéfices des innovations financées en partie par des capitaux français. Ce sentiment de perte pourrait nourrir des mouvements populistes ou nationalistes, qui dénoncent la perte de contrôle sur l’économie nationale.
Perspectives d’avenir : quel chemin pour l’industrie tech française ?
Le rachat d’Exaion par le colosse du bitcoin ouvre la porte à une discussion plus large sur l’avenir de l’industrie tech française. Alors que des déboires similaires à ceux d’Alstom se répètent, la nécessité de repenser la stratégie industrielle française s’impose. Une approche proactive doit être envisagée pour aider les entreprises locales à croître et à s’épanouir.
Vers des champions nationaux
Pour éviter que de tels scénarios ne se reproduisent à l’avenir, il est crucial de créer un cadre favorable à la création de champions nationaux dans le secteur numérique. Cela pourrait inclure des incitations fiscales pour la recherche et développement, ainsi qu’un soutien direct aux startups innovantes. Le soutien à l’entrepreneuriat pourrait être renforcé par des programmes de formation destinés à former la main-d’œuvre de demain.
Il est essentiel de promouvoir un écosystème collaboratif où les entreprises, les institutions de recherche et le gouvernement travaillent ensemble pour garantir la souveraineté énergétique et technologique de la France. Toute stratégie devra mettre l’accent sur l’utilisation optimisée de l’électricité nucléaire pour soutenir des activités à valeur ajoutée telles que le minage, au lieu de laisser cette opportunité entre les mains d’entités étrangères.
Évaluer l’impact des rachats
- Analyse des opportunités d’investissement local
- Évaluation des retombées économiques sur le marché du travail
- Suivi des innovations et des technologies émergentes à risque de perte de souveraineté
Le débat sur les rachats de filiales et d’entreprises stratégiques doit donc être approfondi. Des études à long terme doivent être menées pour évaluer les retombées économiques et sociales de ces décisions. Face à l’essor des acteurs étrangers sur le marché du numérique, la résistance et la réactivité des entreprises françaises seront des éléments clés pour assurer une compétitivité durable.
Auteur/autrice
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Expert en e-commerce pour news.chastin.com, Antoine analyse les stratégies de vente en ligne et les nouvelles tendances du commerce digital. Passionné par l'innovation dans le secteur du e-commerce, il aime partager des conseils sur l’optimisation des plateformes et les meilleures pratiques marketing. Antoine a également d'autres centres d'intérêts comme la course à pied et le design minimaliste.
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