Face aux déficits persistants de la Sécurité sociale, les sénateurs proposent une mesure audacieuse : ajouter sept heures de travail annuel sans compensation salariale. Une initiative qui divise, tandis que le gouvernement aborde le sujet avec prudence.
Une proposition pour une « solidarité par le travail »
Les sénateurs mettent sur la table une idée qui ne manquera pas de faire débat : demander aux Français de travailler un peu plus chaque année, sans contrepartie financière, pour alléger le poids des déficits de la Sécurité sociale. Sept heures de travail supplémentaires, à répartir selon des modalités encore à définir, pourraient ainsi être envisagées comme une contribution solidaire.
Philippe Mouiller, président de la commission des affaires sociales, préfère parler d’un dialogue avec les partenaires sociaux pour adapter cette mesure. Inspirée de la journée de solidarité instaurée en 2003, cette approche viserait à renforcer les finances publiques sans imposer une contrainte brutale.
Doubler la contribution des entreprises ?
En parallèle, un amendement présenté par la rapporteure du budget de la Sécurité sociale, Élisabeth Doineau, propose de doubler la contribution des entreprises à la journée de solidarité, passant de 0,3 % à 0,6 % de la masse salariale. Ce changement permettrait de générer des fonds supplémentaires tout en soutenant les missions essentielles de la Sécurité sociale, notamment en faveur des personnes âgées et handicapées.
Pour éviter un impact trop lourd sur les bas salaires, les sénateurs souhaitent maintenir les exonérations de charges patronales pour les emplois proches du SMIC. En revanche, ils envisagent une hausse des contributions pour les salaires plus élevés, afin de répartir l’effort de manière équitable.
Un équilibre difficile à trouver
Si la mesure pourrait améliorer les finances publiques, elle suscite des réticences au sein du gouvernement. À Matignon, le Premier ministre semble réticent à l’idée d’imposer une nouvelle journée de solidarité, conscient de l’impact que cela pourrait avoir sur une population déjà éprouvée par les réformes récentes. Comme l’a confié un ministre : « Sur la journée de solidarité, la poutre travaille à Matignon », laissant entendre que le sujet est en discussion mais loin d’être tranché.
Dans ce contexte, les députés ÉPR militent également pour un allongement du temps de travail, dans l’espoir de compenser la réduction des allègements de charges patronales prévue dans le budget. Mais la mesure doit être calibrée avec soin pour éviter un choc sur l’emploi.
Une bataille entre finances et acceptabilité sociale
Pour les sénateurs, cette proposition d’augmentation du temps de travail est une tentative de résoudre un casse-tête budgétaire, tout en protégeant les plus vulnérables. Cependant, elle illustre aussi la difficulté d’équilibrer des mesures économiquement nécessaires avec leur acceptabilité sociale.
Alors que la situation économique reste fragile, cette proposition, bien qu’encore incertaine, pourrait marquer le début d’un débat de fond sur le financement de la Sécurité sociale. Mais entre compromis budgétaires et risque de mécontentement populaire, le chemin semble semé d’embûches.
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Spécialiste en économie pour news.chastin.com, Yeva s'intéresse aux évolutions des marchés mondiaux et les enjeux financiers qui façonnent l'économie. Passionnée par l’analyse des dynamiques économiques et leur impact global, elle aime simplifier les concepts financiers pour les rendre accessibles à un large public. Lorsqu'elle ne se consacre pas à l'économie, Yeva se passionne pour le yoga et la littérature contemporaine.
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