La passation de pouvoir entre Gérard Collomb et Édouard Philippe au ministère de l’Intérieur a eu lieu mercredi, avant le Conseil des ministres, dans une ambiance tendue.
L’ambiance était quelque peu fraîche mercredi place Beauvau. La passation de pouvoir entre Gérard Collomb, dont la démission a finalement été acceptée mardi, et Édouard Philippe, qui va assurer l’intérim du ministre de l’Intérieur, s’est faite sans chaleur et avec improvisation. Le Premier ministre, au visage impassible, a salué « la culture, le caractère direct de l’expression » du ministre. Sans desserrer les dents, Édouard Philippe qui a dû annuler son déplacement prévu en Afrique du Sud, a également fait part de la « détermination » de l’exécutif « d’assurer le plus haut niveau de sécurité aux Français ».
Collomb dit quitter « avec regret » le ministère
Avant une poignée de mains assez polaire avec son successeur provisoire, Gérard Collomb a dit quitter « avec regret » un ministère « apaisé ». « Lorsque je suis arrivé, les choses n’étaient pas forcément faciles et on avait connu quelque temps avant une révolte de la police. Aujourd’hui, je quitte un ministère apaisé et qui a su impulser un certains nombre de réformes mais il en reste bien d’autres à réaliser », a souligné le ministre démissionnaire.
Gérard Collomb : « Aujourd’hui on vit côte à côte… Je crains que demain on vive face à face » pic.twitter.com/oYbgXbsNMu
— CNEWS (@CNEWS) 3 octobre 2018
Il a insisté sur la situation sécuritaire dégradée
Il a notamment insisté sur la situation « très dégradée » des quartiers difficiles. « Le terme de reconquête républicaine prend dans ces quartiers tout son sens. (…) Il faut assurer la sécurité dans ces quartiers mais il faut fondamentalement les changer. Quand les quartiers se paupérisent, se ghettoïsent, il ne peut y avoir que des difficultés », a-t-il mis en garde. « On vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face, nous sommes en face de problèmes immenses » a-t-il estimé.
Gérard Collomb est aussi brièvement revenu sur le sort des migrants, jugeant qu’il « faut accueillir mais en accueillant bien. Si c’est pour mettre ceux qu’on accueille dans les quartiers dont je viens de parler, on accroîtra encore les problèmes et la situation deviendra ingérable ». Il a néanmoins souligné « la continuité de l’État »: « On a vu que le ministre allait être remplacé. Cela n’a pas empêché les policiers d’arrêter Redoine Faïd », le braqueur multirécidiviste dont la cavale a pris fin dans la nuit dans l’Oise.
La rupture
Le Conseil des ministres, se déroule ainsi sans Gérard Collomb autour de la table, actant définitivement la rupture entre Emmanuel Macron et ce soutien de la première heure, longtemps considéré comme un « fidèle parmi les fidèles ». Le numéro 2 du gouvernement avait remis mardi sa démission pour la deuxième fois en 48 heures afin de reprendre la mairie de la capitale des Gaules, qu’il a dirigée pendant seize ans avant de devenir ministre en 2017.