Depuis l’élection de Donald Trump, le bitcoin a enregistré une hausse spectaculaire de 35 %, atteignant des niveaux inédits. Après avoir débuté l’année à 38 000 dollars, la cryptomonnaie flirte désormais avec la barre symbolique des 100 000 dollars. Cette ascension, largement attribuée à la politique favorable du président élu envers le monde des cryptos, redéfinit les perspectives pour la reine des monnaies électroniques.
Un revirement pro-crypto pour Trump
Lors de sa campagne, Donald Trump a multiplié les gestes en faveur de la communauté crypto, notamment en participant à la Bitcoin Conference 2024 à Nashville. Ce tournant est particulièrement marquant pour celui qui qualifiait autrefois le bitcoin d’« arnaque ». Lors de cet événement, Trump a présenté son projet de Bitcoin Act, promettant de faire des États-Unis une terre d’accueil pour les cryptomonnaies. Il s’est également engagé à évincer Gary Gensler, le président de la SEC (Securities and Exchange Commission), perçu comme un ennemi par la communauté crypto en raison de ses nombreuses actions en justice contre des acteurs majeurs comme Binance, Kraken et Coinbase.
Les ETF bitcoin, un levier pour la demande
Un élément clé de cette montée en puissance est la création des ETF bitcoin au comptant, qui permettent aux investisseurs d’accéder au bitcoin sans en détenir directement. Ces ETF, soutenus par des acteurs tels que BlackRock, Grayscale et Fidelity, ont contribué à renforcer la demande en bitcoin. En effet, pour couvrir leurs positions, ces fonds doivent acquérir d’importantes quantités de bitcoins, ce qui pousse les prix à la hausse. Leur succès est tel que la valeur des ETF bitcoin dépasse désormais celle des ETF basés sur l’or.
Cette dynamique alimente des prédictions ambitieuses, notamment celle de Cathie Wood, papesse de la tech et dirigeante du fonds Ark. Elle envisage un bitcoin à 1,5 million de dollars d’ici 2030.
Un actif monétaire atypique et controversé
Malgré son succès, le bitcoin reste un objet monétaire non identifié. Créé en 2008 par le mystérieux Satoshi Nakamoto, il avait pour ambition de devenir une monnaie indépendante des banques centrales et des institutions financières, grâce à la technologie blockchain. Aujourd’hui, cet idéal libertarien est largement détourné :
- Dans des pays comme l’Argentine, le Nigeria ou le Venezuela, où l’inflation galopante pousse les citoyens à adopter le bitcoin comme alternative aux monnaies locales.
- Mais dans les économies développées, le bitcoin est principalement utilisé comme un outil spéculatif, sa rareté (21 millions d’unités maximum) alimentant son attrait auprès des investisseurs.
Cependant, il reste une cible de critiques. Certains économistes, comme Patrick Artus, y voient une bulle spéculative comparable au krach des tulipes de 1635. D’autres, notamment des experts de la Banque centrale européenne, anticipent une augmentation continue de son cours.
Trump et une réserve stratégique en bitcoin : un coup de théâtre
Parmi les projets les plus audacieux de Donald Trump figure la constitution d’une réserve stratégique en bitcoins, financée par des fonds saisis par la justice américaine. Initialement, cette réserve pourrait inclure 200 000 unités, soit environ 20 milliards de dollars. Cette initiative suscite des interrogations :
- Pour la Réserve fédérale, qui doit repenser son rôle dans un système où le bitcoin prendrait une place stratégique.
- Pour les puristes du bitcoin, qui prônent l’absence totale de contrôle étatique sur les cryptomonnaies.
L’avenir du bitcoin entre opportunités et incertitudes
Si l’effet Trump a temporairement propulsé le bitcoin, la cryptomonnaie reste un actif complexe et polarisant. Les optimistes voient dans les changements politiques et financiers une opportunité pour le bitcoin de s’imposer comme un pilier de l’économie mondiale. Les sceptiques, eux, redoutent un krach inévitable.
Quoi qu’il en soit, le bitcoin continue de fasciner, oscillant entre innovation révolutionnaire et objet spéculatif sans précédent. Sous l’impulsion de la nouvelle administration américaine, son rôle pourrait encore évoluer, consolidant sa place dans le paysage économique global.
Auteur/autrice
