La Bourse de Paris affiche une reprise prudente ce jeudi, malgré l’absence de Wall Street, fermée en raison de Thanksgiving. Les marchés européens évoluent donc sans la direction habituelle offerte par la place new-yorkaise, et les regards se tournent vers la politique française, où les incertitudes budgétaires et les tensions gouvernementales occupent le devant de la scène.
Une séance sous surveillance en France
Mercredi, le CAC 40 avait reculé jusqu’à 1,44 % en séance avant de clôturer en baisse de 0,72 %, marqué par les inquiétudes autour d’un possible effondrement du gouvernement Barnier. Ce dernier fait face à une opposition déterminée contre les projets de budget de la Sécurité sociale et celui de 2025. La tension s’est reflétée dans l’écart entre les taux d’emprunt français et allemands à 10 ans, atteignant un niveau inédit depuis 2012, avec un pic de plus de 90 points de base.
Ce matin, le ministre des Finances, Antoine Armand, a apaisé les craintes en se déclarant ouvert à des « concessions » sur les textes budgétaires pour éviter une crise politique et économique majeure. En conséquence, le CAC 40 progresse de 0,75 % à 7 193,2 points à 10h25, tandis que l’écart de taux franco-allemand est revenu sous les 84 points de base.
Inflation et politique monétaire : des enjeux majeurs
En parallèle, les investisseurs continuent d’analyser les perspectives d’inflation. Les dernières données américaines confirment une reprise de l’inflation sous-jacente, renforçant l’idée d’une réduction progressive des taux par la Réserve fédérale. Cependant, les incertitudes liées à une potentielle hausse des droits de douane par la future administration américaine pourraient limiter la marge de manœuvre pour des baisses de taux significatives, non pas en 2024 mais plutôt à partir de 2025.
La Banque centrale européenne, quant à elle, reste prudente. Isabel Schnabel, membre de son directoire, a averti mercredi que toute baisse de taux devra être progressive pour éviter de passer sous le seuil « neutre » et freiner l’économie. La BCE doit également rester vigilante face aux risques mondiaux, notamment les effets des nouvelles restrictions envisagées par l’administration Biden sur les technologies chinoises.
L’inflation européenne sous le microscope
En Europe, les données préliminaires d’inflation continuent de rythmer la semaine. En Espagne, l’inflation a atteint son plus haut niveau depuis août, avec une hausse des prix de 2,4 % sur un an, contre 1,8 % en octobre. Ces chiffres, bien que conformes aux attentes, ne devraient pas remettre en cause les projets de la BCE de poursuivre une politique monétaire accommodante. L’Allemagne publiera ses propres données dans la journée, avant une mise à jour globale pour la zone euro vendredi.
Actualités des entreprises : Rémy Cointreau se distingue
Du côté des entreprises, Rémy Cointreau se démarque avec une hausse de 4,5 % après avoir annoncé des résultats semestriels moins décevants que prévu. Le fabricant de cognac Rémy Martin et de liqueurs a enregistré un résultat opérationnel courant de 147,3 millions d’euros, soit une baisse organique de 17,6 %, inférieure à la contraction de 20,6 % anticipée par les analystes. Cette performance, due à des réductions de coûts, offre un soulagement temporaire pour le groupe, confronté à des défis tarifaires sur ses marchés clés, les États-Unis et la Chine.
Asie : des tensions technologiques persistantes
En Asie, les indices boursiers reculent, notamment à Hong Kong et en Chine, alors que l’administration Biden envisage de nouvelles restrictions sur les exportations de technologies vers la Chine. Ces mesures, bien qu’atténuées par rapport aux propositions initiales, pourraient intensifier les tensions économiques entre les deux géants.
Dans ce contexte global, la Bourse de Paris poursuit son rebond tout en restant attentive aux évolutions politiques et économiques, tant en France qu’à l’international.
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