Patrick Martin, président du Medef, a relancé le débat sur la fiscalité en proposant, le 16 novembre 2024, d’augmenter la TVA pour financer la protection sociale, en contrepartie d’une baisse des charges pour les entreprises. Une alternative qu’il juge préférable à une augmentation du coût du travail, prévue dans la loi de finances 2025.
Une TVA sociale pour alléger les charges des entreprises
Dans une interview accordée au Parisien, Patrick Martin a défendu l’idée de la TVA sociale. Ce mécanisme consisterait à affecter une partie des revenus de la taxe sur la valeur ajoutée au financement de la protection sociale. En échange, les cotisations sociales des entreprises seraient réduites.
L’objectif ? Permettre aux entreprises de diminuer leurs coûts sans impacter les prix pour les consommateurs. En théorie, cette réduction des charges devrait être répercutée sur les prix hors taxes, équilibrant ainsi l’effet de la hausse de la TVA. En outre, cette mesure pourrait renforcer la compétitivité des produits français à l’exportation, en réduisant leur coût hors taxes.
Cependant, cette proposition reste controversée. Les entreprises ne sont pas obligées de répercuter ces économies sur les prix, ce qui pourrait entraîner une augmentation du coût final pour les consommateurs.
Un « budget récessif » aux effets économiques inquiétants
Le président du Medef a vivement critiqué le projet de loi de finances 2025, qualifiant le budget préparé par le gouvernement de Michel Barnier de « récessif ». Selon lui, les mesures envisagées risquent de peser lourdement sur l’emploi.
Patrick Martin a détaillé les charges supplémentaires prévues :
- 4 milliards d’euros de réduction des allègements de charges pour les entreprises.
- 2,5 milliards d’euros transférés de l’assurance maladie aux complémentaires santé, impactant les entreprises.
- 1,5 milliard d’euros d’économies sur les aides à l’apprentissage.
Ces hausses cumulées, représentant 8 milliards d’euros, correspondent selon lui à « l’équivalent des salaires annuels bruts de 300 000 salariés« . Il craint que ces mesures n’entraînent des suppressions d’emplois, une baisse des embauches et une limitation des augmentations salariales. « Entre hausses d’impôts et création d’emplois, il faut choisir, » a-t-il déclaré.
Une divergence avec le modèle américain
Patrick Martin a également comparé la situation en France aux réformes fiscales menées aux États-Unis, où Donald Trump a réduit l’impôt des sociétés. Selon lui, ce type de politique renforce la compétitivité des entreprises américaines et accentue le fossé économique entre les deux pays.
Avec cette proposition de TVA sociale, Patrick Martin cherche à repositionner le débat fiscal en France. Si cette mesure pourrait offrir une bouffée d’air aux entreprises, son acceptation reste incertaine, tant auprès des décideurs politiques que des consommateurs. Une chose est sûre : le débat sur le financement de la protection sociale et la compétitivité des entreprises françaises est loin d’être clos.
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Spécialiste en économie pour news.chastin.com, Yeva s'intéresse aux évolutions des marchés mondiaux et les enjeux financiers qui façonnent l'économie. Passionnée par l’analyse des dynamiques économiques et leur impact global, elle aime simplifier les concepts financiers pour les rendre accessibles à un large public. Lorsqu'elle ne se consacre pas à l'économie, Yeva se passionne pour le yoga et la littérature contemporaine.
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