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Fermetures d’usines

Fermetures d’usines : Emmanuel Macron face à la menace sur son bilan économique

Après avoir fait du plein emploi un axe central de son mandat, Emmanuel Macron voit son objectif menacé par une série de fermetures d’usines, malgré des résultats positifs en matière de chômage ces dernières années.

Le plein emploi, un objectif ambitieux

Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a mis un point d’honneur à lutter contre le chômage, avec des réformes ciblant le marché du travail, l’assurance chômage, et une fiscalité allégée pour stimuler l’attractivité de la France. Ses efforts semblaient porter leurs fruits : en mai 2015, le taux de chômage frôlait les 10,5 % ; aujourd’hui, il est tombé à 7,3 %, un chiffre que l’exécutif a salué comme un véritable succès. Gabriel Attal, alors Premier ministre, s’était réjoui en mai dernier de cette baisse, soulignant que les réformes avaient permis de créer 2,5 millions d’emplois.

Mais, cet automne, les perspectives sont beaucoup plus sombres. En effet, plusieurs entreprises emblématiques, telles que Michelin et Auchan, annoncent des fermetures de sites et la suppression de milliers d’emplois. Michelin a récemment déclaré la fermeture de ses sites à Vannes et Cholet, entraînant la perte de 1 200 postes. De son côté, Auchan a révélé un plan social avec la suppression de plus de 2 000 emplois. Ces annonces ont ravivé la colère des travailleurs, déjà en proie à une insécurité croissante face à la menace de chômage.

Les critiques se multiplient

Les fermetures d’usines et les destructions massives d’emplois alimentent les critiques des syndicats. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, évoque une « violente saignée industrielle », chiffrant à 200 le nombre de plans sociaux recensés en France. Selon elle, cette situation « confirme le naufrage de la politique de l’offre d’Emmanuel Macron », accusant les grandes entreprises et les fonds d’investissement de manipuler le marché de l’emploi, ce qui aurait des conséquences sociales dramatiques.

L’exécutif, de son côté, semble avoir pris la mesure de la situation. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a admis dans le Journal du Dimanche que les conditions économiques se durcissent et que des fermetures de sites risquent de se multiplier dans les mois à venir. Pour l’heure, le gouvernement promet un accompagnement des salariés touchés, mais cette réponse peine à rassurer.

Le plein emploi en question ?

La question se pose désormais : ces fermetures d’usines marquent-elles la fin du rêve de plein emploi, promu par Emmanuel Macron depuis 2017 ? Selon l’économiste Mathieu Plane, la situation actuelle serait le signe d’une fin de cycle. Il rappelle que la politique de l’emploi mise en place ces dernières années, notamment l’essor de l’apprentissage, a porté ses fruits, avec un nombre d’apprentis ayant triplé entre 2018 et 2022. Cependant, le contexte économique actuel, marqué par une réduction des aides à l’embauche dans un cadre de restrictions budgétaires, pourrait fragiliser cette dynamique.

La baisse du chômage a été en grande partie soutenue par les aides de l’État pendant la crise sanitaire, un « quoi qu’il en coûte » qui a permis aux entreprises de rester à flot. Aujourd’hui, avec la levée de ces soutiens, les faillites et les destructions d’emplois sont de retour, alimentant les inquiétudes sur l’avenir du marché de l’emploi.

Le dilemme du gouvernement

Dans cette situation complexe, plusieurs membres du gouvernement plaident pour des mesures visant à renforcer l’attractivité de la France en baissant davantage le coût du travail. Cependant, la question des cotisations patronales est devenue un point de friction. Initialement, le gouvernement avait prévu une refonte de ces cotisations, qui aurait rapporté 4 milliards d’euros, mais cette réforme a été rejetée par les députés de la majorité, du LR et du RN.

Michel Barnier, ministre chargé des Affaires européennes, se trouve désormais face à un dilemme difficile : soit il renonce à cette réforme pour éviter de fragiliser l’emploi, soit il la maintient, risquant ainsi d’aggraver la situation sur le front social. Une décision délicate, dont les répercussions sur l’économie et la société pourraient être lourdes.

Face à cette situation, le gouvernement semble pris dans un étau, entre la nécessité de maintenir des réformes économiques ambitieuses et la réalité d’un chômage persistant et d’une fragilisation de certains secteurs industriels. Le chemin vers un véritable plein emploi semble plus incertain que jamais.

Auteur/autrice

  • Expert en économie pour news.chastin.com, Raphael analyse les grandes tendances économiques mondiales et leurs impacts sur les marchés financiers. Passionné par les dynamiques économiques et les nouvelles technologies, il aime rendre accessibles des sujets complexes à travers des articles clairs et instructifs. En dehors de l'économie, Raphael s'intéresse à la musique classique et aux échecs.

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