Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes, a fait le point sur la situation économique de la France dans un contexte marqué par la censure du gouvernement Barnier. Si cet événement ne constitue pas une crise immédiate, il révèle une fragilité qui pourrait nuire à la crédibilité du pays à moyen terme.
Une censure sans chaos, mais une vigilance nécessaire
Lors de son entretien accordé à LCI le 7 décembre et relayé par Europe 1, Pierre Moscovici a souligné que la censure du gouvernement n’était « ni une catastrophe ni un événement anodin ». Il a noté que les marchés financiers sont restés relativement stables, comme en témoigne la légère baisse du spread (écart de taux) entre la France et l’Allemagne. Toutefois, il a mis en garde contre une dégradation progressive de la crédibilité économique si aucune mesure corrective n’est mise en place.
S’il écarte tout risque de crise similaire à celle de la Grèce, Moscovici insiste sur la nécessité pour la France de maîtriser sa trajectoire économique afin d’éviter un déclin graduel.
La dette et le déficit : des enjeux cruciaux
La dette publique française demeure une préoccupation majeure. Pour Moscovici, une dette trop élevée limite la capacité d’action de l’État. Le déficit public est estimé à 6,1 % du PIB pour 2024, bien au-delà de l’objectif initial de 4,4 %. Avant sa dissolution, le gouvernement Barnier visait une réduction du déficit à 5 % en 2025, un objectif que Moscovici considère comme essentiel pour restaurer une marge de manœuvre budgétaire.
« L’objectif du prochain gouvernement devra être de ramener le déficit à 5 % pour retrouver une capacité d’action à l’avenir », a-t-il précisé.
Une loi spéciale pour assurer la continuité des services
En attendant l’adoption d’un budget définitif, une « loi spéciale » sera nécessaire pour garantir le fonctionnement des services publics. Cette mesure temporaire devrait maintenir le déficit autour de 6 %. Toutefois, Moscovici alerte sur l’importance de prendre des décisions structurelles pour redresser durablement les finances publiques.
Il explique : « Une loi spéciale garantira la continuité des services essentiels, mais un budget complet sera nécessaire pour viser un déficit de 5 % et stabiliser la situation. »
Une récession à éviter malgré un contexte difficile
Alors que le président du Medef, Patrick Martin, a évoqué un risque de récession, Pierre Moscovici se montre plus optimiste. « La France ne semble pas en récession, mais la conjoncture est devenue plus exigeante », a-t-il déclaré. Il souligne que redonner confiance aux marchés financiers est essentiel pour éviter un affaiblissement continu de l’économie.
Une feuille de route claire pour le prochain gouvernement
Pour Pierre Moscovici, il est impératif que le prochain gouvernement s’engage à réduire le déficit public et à contrôler la dette afin de préserver la crédibilité économique de la France. La mise en place de réformes budgétaires ambitieuses sera cruciale pour assurer une stabilité financière durable et éviter que le pays ne s’enlise dans une situation économique préoccupante.
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Spécialiste en économie pour news.chastin.com, Yeva s'intéresse aux évolutions des marchés mondiaux et les enjeux financiers qui façonnent l'économie. Passionnée par l’analyse des dynamiques économiques et leur impact global, elle aime simplifier les concepts financiers pour les rendre accessibles à un large public. Lorsqu'elle ne se consacre pas à l'économie, Yeva se passionne pour le yoga et la littérature contemporaine.
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