Mercredi, la Bourse de Paris a clôturé en net recul, affectée par les inquiétudes croissantes liées à la crise politique en France, qui met en péril le budget 2025. Le CAC 40 a enregistré une baisse de 0,72 %, atteignant 7.143,03 points, soit une perte de 51,48 points, après avoir déjà reculé de 0,87 % mardi.
Une sous-performance face aux autres places européennes
Comparée à ses voisins européens, la place parisienne souffre davantage. L’indice DAX à Francfort n’a perdu que 0,18 %, Milan 0,23 %, tandis que Londres a progressé de 0,20 %. Cette sous-performance reflète l’instabilité politique qui plane en France.
François Rimieu, analyste chez Crédit Mutuel Asset Management, souligne :
« La France traverse une crise politique d’une ampleur rare sous la cinquième République, dans un contexte économique déjà préoccupant. »
Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions chez Delubac AM, ajoute que cette incertitude est particulièrement mal perçue par les marchés financiers.
Une crise politique qui pèse lourdement
Le gouvernement, en l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, envisage de recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer son budget sans vote parlementaire. Cependant, cette décision pourrait déclencher une motion de censure, déjà annoncée par la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP). Si le Rassemblement national (RN) soutient cette motion, le gouvernement Barnier tomberait, entraînant également l’échec du projet de budget 2025.
Répercussions sur le marché obligataire
Cette instabilité politique a un impact direct sur le marché de la dette souveraine. L’écart entre les taux d’emprunt français (3,02 %) et allemands (2,16 %) sur 10 ans a atteint des niveaux inédits depuis juillet 2012, frôlant un différentiel de 0,90 point en début de séance avant de se stabiliser.
Fait symbolique, le taux d’intérêt français a temporairement dépassé celui de la Grèce, une situation sans précédent depuis la crise grecque de 2015. Les rendements des deux pays ont finalement clôturé au même niveau.
Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB, avertit :
« Si les réformes prévues par Michel Barnier ne sont pas mises en œuvre, le déficit budgétaire, déjà à 6 % du PIB, pourrait atteindre 7 %. »
Secteur bancaire sous pression
Les banques et assurances figurent parmi les secteurs les plus affectés par cette instabilité. Les investisseurs craignent qu’un scénario extrême de défaut de la France ne fragilise les établissements financiers, fortement exposés aux obligations d’État. Les valeurs bancaires ont fortement chuté :
- Axa : -4,31 % à 32,21 €
- Société Générale : -3,48 % à 24,55 €
- Crédit Agricole : -1,34 % à 12,52 €
- BNP Paribas : -1,19 % à 55,63 €
Valeo annonce des suppressions de postes
Dans un autre registre, l’équipementier automobile Valeo a perdu 2,24 % à 7,95 € après avoir annoncé la suppression de 868 postes dans huit sites français. Parmi eux, 694 départs contraints et 174 départs volontaires. La direction n’a pas précisé le calendrier de cette restructuration.
Un contexte politique et économique tendu
Entre une crise politique majeure, des incertitudes économiques et des pressions sur les secteurs stratégiques, la Bourse de Paris reflète un climat particulièrement tendu. Les investisseurs, confrontés à un avenir incertain, adoptent une posture prudente qui pèse sur les marchés financiers.
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Spécialiste de la bourse pour news.chastin.com, Flora décrypte efficacement les mouvements des marchés financiers et les meilleures stratégies d’investissement. Toujours à la recherche d’opportunités, elle aime rendre la finance compréhensible et captivante pour tous. Mise à part son expertise boursière, Flora est passionnée par la cuisine gastronomique et les voyages culturels.
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