Malgré une forte contraction du secteur du BTP en 2024, l’effondrement de l’emploi redouté n’a pas eu lieu. Toutefois, le spectre de suppressions massives plane sur 2025 si des mesures de soutien ne sont pas rapidement mises en place.
Une baisse marquée de l’activité en 2024
Le secteur du bâtiment subit de plein fouet la crise de l’immobilier neuf. Selon les estimations de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), l’activité devrait enregistrer une diminution de 6,6 % en volume cette année. Cette chute est principalement due à l’arrêt brutal des constructions de logements neufs, avec un repli de 22 % en volume.
Les mises en chantier continuent de dégringoler : après une baisse de 25 % en 2023, elles devraient encore reculer de 14 % en 2024, atteignant un niveau historiquement bas de 250 000 unités. Une situation qui n’avait pas été observée depuis 1954, comme le souligne Olivier Salleron, président de la FFB : « Un tel niveau de construction est inédit depuis près de 70 ans ! »
Le seul point positif reste le secteur de l’amélioration et de l’entretien, qui progresse de 1 %, bien que ce rythme soit deux fois plus lent qu’en 2023. Pourtant, dans un contexte où la transition écologique est une priorité, le volume de rénovations devrait être beaucoup plus élevé, estime la FFB.
Des difficultés amplifiées par MaPrimeRénov’
La réforme de MaPrimeRénov’ sur les cinq premiers mois de 2024 a entravé les ambitions de rénovation énergétique. De plus, le recul des transactions de logements anciens nécessitant des travaux a aggravé la situation pour le secteur de la rénovation.
L’emploi résiste, mais jusqu’à quand ?
En dépit de cette conjoncture défavorable, l’emploi dans le bâtiment a mieux résisté que prévu. Le secteur enregistre une baisse de 2,2 %, soit environ 30 000 emplois perdus en équivalent temps plein, loin des 90 000 suppressions initialement envisagées. La FFB voit cela comme une bonne nouvelle à court terme.
De même, les défaillances d’entreprises, bien qu’en hausse de 25 %, se maintiennent à un niveau comparable à celui de 2016, une année relativement stable. Toutefois, cette résistance s’est faite au détriment de la productivité. Olivier Salleron met en garde : « Le maintien des effectifs alors que l’activité chute fragilise les entreprises. Si rien n’est fait, nous risquons de perdre 100 000 emplois en 2025. »
Des mesures budgétaires urgentes nécessaires
La FFB déplore l’échec du vote du projet de loi de finances 2024, soulignant que des mesures cruciales pour le logement ont été abandonnées. Olivier Salleron résume ce constat amer : « Le projet de loi de finances aurait pu relancer l’investissement dans le logement, mais il est resté lettre morte. »
Pour éviter une crise plus profonde, la FFB propose plusieurs mesures :
- Élargir le prêt à taux zéro pour soutenir l’accession à la propriété.
- Exonérer les droits de succession ou de donation jusqu’à 100 000 euros pour l’achat d’un logement neuf.
- Réduire la Réduction de Loyer de Solidarité (RLS) pour soutenir le secteur social.
- Libérer les fonds pour la rénovation énergétique du parc de logements sociaux.
Des solutions pour relancer le secteur
La FFB demande également la pérennisation du budget de MaPrimeRénov’ à hauteur de 4,2 milliards d’euros et la simplification des démarches administratives. Elle appelle aussi à une réflexion sur le statut des bailleurs privés pour encourager les investissements.
Un avenir incertain pour le bâtiment
Si le secteur du BTP a évité le pire en 2024, l’année 2025 pourrait être bien plus difficile sans intervention rapide de l’État. Olivier Salleron alerte sur le risque d’un effondrement massif de l’emploi si des mesures de soutien ne sont pas votées au plus vite. Le redressement du secteur passe par une action déterminée pour relancer l’investissement et renforcer la confiance des acteurs du bâtiment.
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Spécialiste en économie pour news.chastin.com, Yeva s'intéresse aux évolutions des marchés mondiaux et les enjeux financiers qui façonnent l'économie. Passionnée par l’analyse des dynamiques économiques et leur impact global, elle aime simplifier les concepts financiers pour les rendre accessibles à un large public. Lorsqu'elle ne se consacre pas à l'économie, Yeva se passionne pour le yoga et la littérature contemporaine.
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