Le Duel Spatial : Starship de SpaceX vs New Glenn de Blue Origin
Dans le domaine de l’ exploration spatiale, l’affrontement entre Elon Musk et Jeff Bezos représente l’une des rivalités les plus fascinantes et médiatisées. Chacun d’eux a lancé des projets ambitieux à travers leurs entreprises respectives, SpaceX et Blue Origin. Au cœur de cette compétition se trouvent deux fusées révolutionnaires : Starship pour Musk et New Glenn pour Bezos. Bien que les deux fusées visent des objectifs ambitieux, elles présentent des différences marquées, tant en termes de conception que de mission.

Conception et dimensions
L’une des distinctions les plus notables entre Starship et New Glenn réside dans leur taille et leur structure. La fusée Starship, avec ses 120 mètres de hauteur et un diamètre de 9 mètres, est considérée comme la plus grande fusée jamais conçue. Cette dimension massive est nécessaire pour permettre à la fusée de transporter des charges lourdes vers des destinations éloignées, comme la Lune et Mars. Pour illustrer son gigantisme, il est intéressant de noter que le booster qui la propulse, nommé Super Heavy, mesure à lui seul environ 70 mètres.
En revanche, New Glenn, haute de 98 mètres et ayant un diamètre de 7 mètres, a été conçue principalement pour des missions de transport de fret en orbite terrestre. Sa taille est certes impressionnante, mais elle est plus modeste par rapport à l’énorme Starship. Cette différence de taille n’influence pas uniquement les missions des deux fusées, mais aussi leur conception technique et leur approche logique.
Capacités de charge utile
Les capacités de charge utile sont un autre aspect essentiel à considérer dans cette compétition. New Glenn peut placer environ 45 tonnes en orbite basse et 13 tonnes en orbite de transfert géostationnaire. Ce niveau de capacité est suffisant pour le marché commercial actuel, couvrant des missions allant des lancements de satellites aux missions institutionnelles. New Glenn a été pensé pour assurer une fiabilité dans ses missions, ce qui est essentiel pour la stratégie commerciale de Blue Origin.
En revanche, Starship propose des capacités bien plus ambitieuses. En configuration réutilisable, elle peut transporter entre 100 et 150 tonnes en orbite basse. Dans une utilisation non réutilisable, ce chiffre peut monter jusqu’à 250 tonnes, faisant d’elle le lanceur le plus puissant jamais conçu. Cette capacité est cruciale pour l’avenir de l’exploration spatiale, notamment pour des programmes comme Artemis, qui a pour but de ramener l’homme sur la Lune.
| Fusée | Taille | Capacité de charge utile (orbite basse) | Capacité de charge utile (orbite géostationnaire) |
|---|---|---|---|
| Starship | 120 m | 100-150 tonnes | jusqu’à 250 tonnes |
| New Glenn | 98 m | 45 tonnes | 13 tonnes |
Réutilisabilité et impact économique
La réutilisabilité des fusées représente un sujet clé dans la réduction des coûts et la fréquence des lancements. SpaceX a popularisé le modèle de réutilisation des premières étages grâce à son Falcon 9, et la stratégie continue avec Starship. Dans le cas de Starship, à la fois le premier étage, Super Heavy, et l’étage supérieur sont conçus pour revenir et être repropulsés rapidement. Cette approche ambitieuse vise à diminuer considérablement le coût par lancement, permettant ainsi de multiples missions à un rythme accéléré.
A l’opposé, New Glenn présente un modèle plus traditionnel. Son premier étage est réutilisable, grâce à une technologie similaire à celle de SpaceX, mais son deuxième étage est jeté après chaque lancement. Cela signifie que, bien que New Glenn offre une certaine économie sur les coûts de lancement, elle ne promeut pas une réutilisabilité aussi radicale que celle de Starship.
- Starship : réutilisation complète (1er et 2nd étage)
- New Glenn : réutilisation partielle (1er étage seulement)
- Réduire les coûts : un objectif clé pour SpaceX
- Impact futur sur les lancements commerciaux
La mise en place d’un système réutilisable extrêmement efficace pourrait entraîner une révolution dans le secteur aérospatial. En diminuant les coûts, la concurrence entre Starship et New Glenn pourrait permettre un accès plus ample à l’exploration spatiale pour des entreprises privées et nationales.
Technique de récupération des fusées
La manière dont ces fusées retournent sur Terre est aussi significative. New Glenn utilise un système de récupération qui lui permet de redescendre et d’atterrir en douceur sur une barge au milieu de l’Atlantique, une méthode semblable à celle utilisée par le Falcon 9 de SpaceX. Cette solution, bien qu’efficace, repose sur la technologie existante et ne représente pas une avancée considérable par rapport aux systèmes de récupération déjà en place depuis des années.
À l’inverse, l’atterrissage de Starship repose sur une technologie plus futuriste, avec des bras mécaniques appelés Mechazilla, qui sont conçus pour saisir les étages lors du retour, avant de les poser délicatement. Ce système pourrait permettre de gagner en précision et en efficacité lors de la récupération, rendant la fusée opérationnelle pour des lancements fréquents, un facteur crucial dans la stratégie de Musk.
Propulsion : moteurs et technologies
En matière de propulsion, les deux entreprises ont choisi des méthodes différentes qui reflètent leur vision. New Glenn est équipée de sept moteurs BE-4 qui brûlent du méthane et de l’oxygène liquide, adoptant un cycle de combustion dit « tombé en étage ». Ce cycle est efficace, optimisant le rendement des moteurs et intégrant une approche de durabilité dans leur conception.
De son côté, Starship utilise des moteurs Raptor, qui exploitent également le méthane et l’oxygène liquide mais fonctionnent avec un cycle de combustion « full-flow ». Ce modèle de moteurs offre une meilleure efficacité et un meilleur contrôle, ce qui permet un nombre encore plus élevé de lancements. Avec 33 moteurs prévus pour le lancement de Starship, la fusée de SpaceX a l’avantage de pouvoir transporter des charges plus lourdes.
| Fusée | Moteurs | Type de moteur | Encyclopédie du projet |
|---|---|---|---|
| Starship | 33 moteurs Raptor | Cycle full-flow | Conception avancée pour maximiser l’efficacité |
| New Glenn | 7 moteurs BE-4 | Cycle tombé en étage | Modèle éprouvé pour le lancement commercial |
Orientations futures et objectifs
Les deux entreprises poursuivent des objectifs différents en matière d’exploration spatiale. Blue Origin mise beaucoup sur son projet de tourisme spatial et sur les missions commerciales pour les satellites, tout en s’intégrant dans des projets gouvernementaux et institutionnels. Avec New Glenn, l’accent est mis sur la fiabilité et la pertinence dans le contexte du marché actuel.
À l’inverse, SpaceX voit grand avec Starship, ciblant non seulement des missions en orbite terrestre, mais aussi l’exploration de la Lune et même de Mars. Le programme Mars de Musk est ambitieux, visant à établir une présence humaine durable sur la planète rouge, ce qui est un changement de paradigme comparé aux objectifs plus modérés de Blue Origin.
La perception publique et le soutien gouvernemental
Dans cette course aux étoiles, l’image publique des deux entrepreneurs joue également un rôle important. Elon Musk bénéficie d’une forte popularité grâce à son audace et à ses projets ambitieux, qui captent l’attention des médias et du grand public à travers des annonces fréquentes et des mises à jour sur les progrès de SpaceX. Cela joue en faveur de la perception de Starship comme une solution innovante et captivante.
Dans le cas de Jeff Bezos, la perception peut être plus nuancée. Sa réputation a souvent été entachée par des controverses autour de sa marque Amazon et les critiques sur son approche commerciale. Cependant, Bezos approche des initiatives spatiales de manière pragmatique, en se concentrant sur des résultats tangibles avec New Glenn.
- Elon Musk : un personnage charismatique et innovant
- Jeff Bezos : un entrepreneur pragmatique avec une vision à long terme
- Impact des opinions publiques sur le financement et le soutien gouvernemental
- Rôle des missions spatiales dans l’image des entreprises
Cette compétition entre SpaceX et Blue Origin ne se limite pas à la technologie : elle reflète les visions et philosophies des deux géants du numérique, avec enjeux politiques et économiques au cœur de la controverse sur la domination privatisée de l’espace.



