Durant son passage en France, Tim Cook a visité plusieurs startups et studios de développement de jeux vidéo, dont Ubisoft, mais a également rencontré Emmanuel Macron de manière officielle pour la première fois depuis son élection. Lors de cette deuxième visite du PDG d’Apple en France depuis février dernier, il a accordé plusieurs interviews, dans lesquelles il livre sa vision au niveau de plusieurs sujets d’actualité sensibles.
Tim Cook prévoit une entente commerciale Chine-USA
Concernant la bataille que Donald Trump se livre avec la Chine, Tim Cook reconnaît que la situation est loin d’être favorable au commerce et à l’économie internationale. Néanmoins, cette croisade menée par le président US trouve son sens dans le cadre de la concurrence loyale et la protection des propriétés intellectuelles. Il souligne aussi que les véritables questions soulevées par ce conflit se portent au niveau de l’accessibilité réelle des marchés et des déséquilibres commerciaux.
Le PDG d’Apple dénonce cependant les mesures de rétorsion basées sur la hausse des taxes douanières, qui impactent sur les pays du monde entier et espère que les deux grandes puissances y mettront fin. D’ailleurs, il ajoute que si cette guerre commerciale nuit en premier aux USA et à la Chine, les répercussions sont bien plus graves pour le reste du monde. Pour l’intérêt général, il pense ainsi que les USA et la Chine arriveront à négocier un accord commercial. D’ailleurs, il précise que le président US est malgré tout un homme à l’écoute et accessible.
La question de la stratégie d’optimisation fiscale des grandes multinationales
Obligée d’avoir payé plusieurs milliards d’euros d’impôts par les pays européens, dont la France, Apple fait partie des multinationales accusées d’avoir mis au point des stratégies d’optimisation fiscale. Cette dernière leurs permet de payer de moindres taxes dans les pays où elles réalisent la plupart de leurs chiffres d’affaires, en établissant leurs sièges européens dans des États où la politique d’imposition est plus douce, comme au Luxembourg ou en Irlande.
Néanmoins, Tim Cook rappelle qu’Apple est l’une des grandes entreprises à payer leurs impôts comme il se doit. Il souligne également que le fait de payer les taxes est très important pour le financement des Etats, des services publics, de l’éducation et d’autres secteurs publics essentiels. Le PDG d’Apple ajoute cependant que c’est le lieu où sont payées ces contributions qui est sujet à controverse, bien qu’il soit sûr qu’Apple paie les siennes au bon endroit et partout où l’entreprise réalise des revenus.
Dans ce cadre, il estime qu’un régime fiscal global pour tous les pays doit être adopté au niveau de l’OCDE pour assainir le sujet. Cette année, Apple avait payé près de 600 millions d’euros pour régler son contentieux avec le fisc français.
L’arrogance de certains GAFA et les inquiétudes dues à leurs monopoles
Tim Cook explique les critiques qui pèsent sur les GAFA à cause de l’arrogance que certains d’entre eux ont sans doute démontrées. Cependant, il déclare que dans le cas d’Apple, celle-ci est loin d’être en mesure d’abuser d’une éventuelle position dominante. Il souligne en effet que son entreprise ne bénéficie d’un monopole dans aucun pays.
En France par exemple, la marque à la pomme ne profite que de 15% des parts de marché du secteur du smartphone et ne peut ainsi pas disposer d’un pouvoir exclusif sur les marchés. Face à diverses critiques, Apple a néanmoins annoncé récemment qu’elle allait permettre à certaines applications tierces d’être utilisées par défaut pour l’envoi des messages ou la lecture musicale.
Les ambitions d’Apple dans le secteur de la finance
La firme de Cupertino envisage de proposer l’Apple Card en dehors des USA, et notamment en France si elle y trouve une banque de détail partenaire. Aux Etats-Unis l’Apple Card a pu être lancée grâce au partenariat avec Goldman Sachs. Cependant, face aux inquiétudes suscitées par la cryptomonnaie Libra de Facebook, Tim Cook déclare fermement que l’entreprise n’envisagera jamais de créer sa propre monnaie et ne prévoit pas non plus de devenir une banque.
Il souligne aussi que la création et la gestion monétaire, ainsi que la défense sont des responsabilités qui doivent être réservés aux gouvernements qui sont élus. Les entreprises privées non élues ne doivent pas s’adonner à de telles activités. Néanmoins, il déclare que les technologies de blockchain proposent un grand potentiel à exploiter et que le principe de décentralisation est intéressant.
Tim Cook revient sur les nouveaux produits et services d’Apple
Le PDG d’Apple déclare que les ventes d’iPad repartent à la hausse après plusieurs années de stagnation. Il précise aussi que le recul des ventes de l’iPhone s’aligne avec un recul global du marché des smartphones et ne doit pas inquiéter. Il souligne d’ailleurs que ce marché est jeune et n’a pas encore atteint sa maturité et qu’un cycle de croissance est à venir.
C’est cependant dans le domaine de la santé, avec l’Apple Watch, que semblent être surtout orientés les objectifs de Tim Cook. Pour lui, le secteur des objets connectés wearables permet de redonner de la valeur au corps. Par ailleurs, Apple a mis l’accent sur les services cette année, avec le lancement d’Apple News+, Apple TV+ et Apple Arcade, notamment pour compléter la chute des ventes hardwares.
Mais, il rappelle que son entreprise a toujours misé sur la combinaison entre le matériel, le logiciel et le service. Il souligne ces nouveaux services ne sont pas destinés à concurrencer directement ni les grands acteurs du secteur du SVoD comme Netflix, ni les géants du jeu vidéo, mais à proposer des offres originales aux consommateurs. Accessibles respectivement à 4,99 €, ces programmes permettent surtout à Apple de se faire une place sur ces secteurs. Tim Cook n’exclut pas non plus l’acquisition de droits sportifs pour enrichir les programmes de diffusion.