Face à un contexte économique et politique incertain, François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), appelle les parlementaires à voter un budget pour atténuer les effets de l’instabilité actuelle sur les TPE et PME, gravement touchées par la crise.
Un plan social silencieux dans les petites entreprises
Invité sur Radio Classique, François Asselin a exprimé ses inquiétudes concernant les récentes annonces de plans sociaux dans de grandes entreprises comme Michelin, qui prévoit de fermer deux sites affectant 1 254 salariés.
« Mais ce qui passe inaperçu, c’est le plus grand plan social : celui des TPE et PME », a-t-il affirmé, décrivant une situation où les départs ne sont pas remplacés, les ruptures conventionnelles se multiplient, et les licenciements restent en dessous du seuil des dix salariés, échappant ainsi aux radars.
Selon lui, la santé économique des PME est cruciale, notamment dans les territoires ruraux, où elles représentent souvent le cœur de l’économie locale.
Un record de défaillances inquiétant
En octobre, les défaillances d’entreprises ont atteint un record de 64 650 sur douze mois, selon la Banque de France, soit une hausse de 21 % en rythme annuel. Bien que cette augmentation marque une légère décélération par rapport au mois précédent (24 %), les secteurs les plus touchés incluent :
- Immobilier : +40,4 %
- Transport et entreposage : +40 %
- Activités financières et assurance : +30,9 %
- Construction : +28,4 %
Les entreprises de taille moyenne (ETM) sont les plus impactées, avec une hausse de 46,4 % des défaillances sur un an. Elles sont suivies par les petites entreprises (+30,9 %), les très petites entreprises (+25,3 %), et les microentreprises (+20,4 %). À l’inverse, les grandes entreprises restent relativement stables (+8,6 %).
Thierry Millon, directeur des études chez Altares, avertit que « plus que le nombre de défaillances, c’est la taille des entreprises concernées qu’il faut surveiller », car leurs difficultés risquent d’avoir des conséquences significatives sur l’emploi et l’économie locale.
Un budget nécessaire pour stabiliser l’économie
Dans ce contexte tendu, François Asselin insiste sur l’urgence de voter un budget pour offrir des perspectives aux entreprises.
« Il ne s’agit pas de soutenir ou non le gouvernement Barnier, mais de penser à ce qui est nécessaire pour la France. »
Le président de la CPME exhorte également les parlementaires à ne pas alourdir le fardeau des entreprises en supprimant certains allègements de charges patronales. Ces mesures, selon lui, compensaient la réforme des 35 heures introduite en 1997, qu’il qualifie de « catastrophique » pour les entreprises.
Travailler davantage pour redresser l’économie
En réaction à la récente adoption par le Sénat d’une contribution de sept heures de solidarité non rémunérées pour financer la dépendance, François Asselin considère qu’un effort supplémentaire pourrait être acceptable :
« Ce n’est peut-être pas une torture de travailler un peu plus si cela nous permet de nous en sortir. »
Enfin, il critique les décisions passées, notamment l’accord signé en 2012 par François Hollande pour réduire la production d’énergie nucléaire, une mesure qui, selon lui, a lourdement pénalisé la compétitivité énergétique de la France.
« Sans cette décision, la France aurait l’énergie la moins coûteuse et la plus décarbonée d’Europe. »
Une alerte pour sauver les PME et l’économie locale
Alors que l’environnement économique devient de plus en plus difficile, François Asselin appelle à des mesures urgentes pour protéger les TPE et PME, véritables moteurs de l’économie française, et éviter que l’impact des défaillances d’entreprises n’aggrave encore la situation de l’emploi et des territoires.
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Spécialiste en économie pour news.chastin.com, Yeva s'intéresse aux évolutions des marchés mondiaux et les enjeux financiers qui façonnent l'économie. Passionnée par l’analyse des dynamiques économiques et leur impact global, elle aime simplifier les concepts financiers pour les rendre accessibles à un large public. Lorsqu'elle ne se consacre pas à l'économie, Yeva se passionne pour le yoga et la littérature contemporaine.
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