Les derniers chiffres de la Caisse des Dépôts révèlent que les Français ont significativement réduit leurs dépôts sur les livrets A et LDDS en octobre. Cette tendance, traditionnellement liée à des obligations fiscales et à la saisonnalité, s’accompagne cette année d’une anticipation de la baisse des taux prévue en 2025.
Une décollecte habituelle en octobre
En octobre, les livrets A et LDDS ont enregistré une décollecte totale de 2,58 milliards d’euros, un phénomène récurrent à cette période de l’année. Dans le détail :
- Le livret A a connu des retraits nets de 1,94 milliard d’euros, marquant sa dixième décollecte en octobre depuis 2015.
- Le LDDS, quant à lui, a subi une diminution de 640 millions d’euros.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, notamment :
- Le paiement de la taxe foncière, qui pousse les ménages propriétaires à puiser dans leur épargne.
- Les régularisations de l’impôt sur le revenu, qui touchent de nombreux contribuables.
- Une légère reprise de la consommation, liée à une baisse de l’inflation, incitant certains ménages à utiliser leur épargne.
Une anticipation de la baisse des taux
Depuis juillet 2023, les taux d’intérêt des livrets A et LDDS sont fixés à 3 %, un niveau attractif qui reste valable jusqu’à fin janvier 2025. Cependant, une diminution à 2,5 % est prévue à partir du 1er février 2025, en lien avec le recul de l’inflation, qui s’établissait à 1,1 % en septembre selon l’Insee.
Les ménages, conscients de cette prochaine baisse, anticipent en retirant une partie de leurs fonds. Selon le Cercle de l’épargne, cette évolution marque un retour à une situation plus normale après une période exceptionnelle liée à des chocs économiques (pandémie, guerre en Ukraine, forte inflation). Depuis le début de l’année, la collecte des livrets A tend à se rapprocher des niveaux d’avant la crise du Covid-19.
Le Livret d’épargne populaire (LEP) résiste
Contrairement au livret A et au LDDS, le Livret d’épargne populaire (LEP) affiche une collecte positive de 210 millions d’euros en octobre. Bien que ce chiffre soit en forte baisse par rapport à octobre 2023 (4,77 milliards d’euros, grâce au relèvement du plafond à 10 000 euros), le LEP reste un choix privilégié par les ménages modestes.
Ce succès s’explique par plusieurs raisons :
- Les ménages modestes, souvent locataires, sont moins impactés par des charges comme la taxe foncière.
- Le LEP offre un taux de rendement attractif de 4 %, supérieur à celui des autres livrets d’épargne.
Même après la baisse prévue des taux en février 2025, le LEP devrait conserver un rendement compétitif à 3 %, consolidant son rôle de refuge pour les épargnants dans un contexte économique incertain.
Une tendance à surveiller
Alors que l’effet « taux » s’estompe progressivement, la collecte des livrets A et LDDS pourrait continuer à diminuer en 2025. Toutefois, les épargnants adaptent leurs stratégies, privilégiant des supports plus rémunérateurs comme le LEP, qui continue de séduire grâce à ses avantages spécifiques. Cette évolution illustre l’importance pour les ménages de s’ajuster à un contexte économique en mutation, tout en anticipant les changements à venir.
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Expert en économie pour news.chastin.com, Raphael analyse les grandes tendances économiques mondiales et leurs impacts sur les marchés financiers. Passionné par les dynamiques économiques et les nouvelles technologies, il aime rendre accessibles des sujets complexes à travers des articles clairs et instructifs. En dehors de l'économie, Raphael s'intéresse à la musique classique et aux échecs.
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