Pour boucler son budget 2019, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures d’économies, parfois sensibles politiquement, censées permettre de limiter à 0,6% la progression de la dépense publique. Voici les secteurs et les dispositifs qui seront concernés.
Prestations sociales
Deux prestations sociales, les allocations familiales et les aides personnalisées au logement, ne seront revalorisées que de 0,3% l’an prochain alors que l’inflation est actuellement attendue à 1,3%. De quoi réaliser près de deux milliards d’économies.
«Les prestations qui bénéficient à nos concitoyens les plus fragiles, comme le RSA, seront augmentées conformément à la loi», a toutefois assuré Édouard Philippe, niant tout coup de rabot sur les allocations sociales.
Le Premier ministre a par ailleurs indiqué n’avoir aucun «tabou» concernant l’assurance chômage, et notamment la dégressivité des allocations versées aux cadres, comme l’a proposé récemment un député de la majorité.
Retraites
Les pensions de retraites elles aussi vont être désindexées de l’inflation, avec une revalorisation limitée à 0,3%. Une décision perçue comme un «coup de massue» par les associations de retraités, déjà agacés par la hausse de CSG décidée l’an dernier.
La baisse, qui devrait permettre à l’État d’économiser un peu plus d’un milliard d’euros, pourrait cependant ne pas être uniforme. Face au risque de grogne sociale, la majorité parlementaire a indiqué étudier la possibilité d’une évolution «modulée».
La progression serait ainsi inférieure à 0,3% «pour ceux qui ont des retraites élevées» et supérieure à cette cible «pour ceux qui ont des petites retraites», avait expliqué Richard Ferrand, chef de file des députés LREM devenu depuis président de l’Assemblée nationale.
Logement
Dans ses lettres de cadrage budgétaire, le gouvernement a annoncé une baisse de 1,16 milliard d’euros des crédits alloués au logement. Une baisse qui s’explique principalement par le nouveau mode de calcul des APL.
Le gouvernement en effet décidé de baser le montant des APL sur les revenus actuels des bénéficiaires, et non plus à partir des revenus enregistrés deux ans plus tôt, comme c’est le cas aujourd’hui.
Si cette réforme n’a officiellement pas d’objectif budgétaire, elle devrait permettre à Bercy d’économiser un milliard d’euros, les revenus de début 2019 étant potentiellement plus élevés que ceux observés deux ans avant.
Contrats aidés
Pour la deuxième année consécutive, la politique de l’emploi sera mise à contribution, avec une baisse de crédits de 2,1 milliards d’euros, qui passera notamment par une réduction du nombre de contrats aidés.
Le gouvernement en financera l’an prochain environ 130.000, contre 200.000 budgétés en 2018 (mais seulement «130.000 à 150.000» effectivement mis en place) et 320.000 en 2017. «La plupart ne permettent pas d’obtenir ensuite un emploi viable», a justifié Matignon.
Aides aux entreprises
Le budget 2019 va intégrer une baisse d’un milliard d’euros d’aides publiques aux entreprises, sur les 140 milliards d’euros d’aides diverses qui leur sont accordées chaque année. Au total, cinq milliards de baisse sont prévus d’ici à 2022.
Pour le premier milliard prévu l’an prochain, Bercy a choisi de supprimer le taux réduit de la taxe sur les carburants (TICPE) dont bénéficient certains secteurs industriels qui consomment du gazole non routier (GNR).
Administration fiscale
Bercy a annoncé une réorganisation progressive du fisc censée générer de substantielles économies, avec des fermetures d’agences et la fin de l’accueil sans rendez-vous dans les trésoreries.
Aucun chiffre n’a cependant à ce stade été communiqué. Dans un rapport publié en juin, la Cour des comptes avait invité l’administration fiscale à «resserrer» son réseau, constitué de 4.000 agences, dont 600 avec moins de cinq employés.
Audiovisuel public
Quelque 190 millions d’euros d’économies ont été annoncés à l’horizon 2022 pour l’audiovisuel public, dont une partie devra être réalisée l’an prochain. Ces mesures se traduiront notamment par la disparition d’ici à 2020 de la chaîne France Ô de la TNT.
Chambres d’industrie
Le gouvernement a prévu une baisse de 400 millions d’euros d’ici quatre ans des crédits alloués aux Chambres de commerce et d’industrie (CCI), dont 100 millions l’an prochain. Cet effort se traduira notamment par des suppressions de postes.
Fonctionnaires
Le gouvernement prévoit la suppression d’environ 4.500 postes dans la fonction publique d’État l’an prochain, après 1.600 en 2018. L’objectif affiché est de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, dont 50.000 dans le périmètre de l’État.
Les secteurs les plus touchés seront le ministère des Comptes publics, qui chapeaute les Douanes et le fisc (2.000 suppressions de postes prévues), l’Éducation nationale (1.800 suppressions), l’audiovisuel public et le réseau extérieur de l’État.